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Drame au Nigéria : un joueur décédé, la justice accuse la négligence

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Décès de Martins Chineme : un verdict historique pointe la négligence des instances du football nigérian

La Fifpro, le syndicat mondial des footballeurs, a salué une décision de justice majeure rendue au Nigeria, qui condamne la négligence des autorités du football national dans le décès tragique du joueur Martins Chineme. Cette affaire, inédite dans son genre, établit un précédent juridique important dans le monde du sport.

Drame au Nigéria : un joueur décédé, la justice accuse la négligence

Martins Chineme, défenseur de Nasarawa United, est décédé en mars 2020 à l’âge de 25 ans après s’être effondré sur le terrain lors d’un match de première division nigériane. À l’époque, le championnat était géré par la League Management Company (LMC), aujourd’hui rebaptisée Nigeria Premier Football League (NPFL), dépendante de la Fédération nigériane de football (NFF).

Plus de cinq ans après le drame, le club, la LMC, la NFF et Christian Mbah, commissaire du match ce jour-là, ont été reconnus coupables d’avoir manqué à leur devoir de diligence envers le joueur.

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Une affaire sans précédent

« Il s’agit d’une affaire qui fera date dans le monde du football », a déclaré Loic Alves, conseiller juridique principal de la Fifpro, à BBC Sport Africa. Il s’est dit impressionné par l’ampleur des responsabilités établies par le tribunal à l’encontre des instances dirigeantes du football nigérian.

Le jugement, rendu par la National Industrial Court of Nigeria (NICN), une juridiction compétente pour les affaires liées à l’emploi, a accordé des dommages et intérêts à la famille du défunt. Le tribunal a jugé que les conditions de sécurité médicale lors du match étaient gravement déficientes : absence d’ambulance fonctionnelle, aucun défibrillateur opérationnel, traitement d’urgence insuffisant, et un médecin de club non qualifié.

Pire encore, Chineme n’avait pas passé le test médical obligatoire de pré-saison, incluant un échocardiogramme, alors même que sa famille avait des antécédents de problèmes cardiaques. Le club, propriété de l’État, ne lui avait pas non plus fourni de couverture d’assurance.

Des manquements jugés « répréhensibles »

Drame au Nigéria : un joueur décédé, la justice accuse la négligence

Dans sa décision, le juge Haastrup a qualifié la conduite des parties défenderesses de « répréhensible ». Le verdict a aussi retenu que le devoir de diligence ne reposait pas uniquement sur le club, mais également sur la ligue, la fédération et les officiels de match. Cette interprétation élargie du droit du travail représente un tournant dans la protection des joueurs.

« Ce jugement rappelle que le non-respect des règlements peut avoir des conséquences dramatiques dans la vie réelle », a souligné Loic Alves. Il espère que ce précédent poussera les fédérations et clubs du monde entier à mieux assumer leurs responsabilités.

Un combat long et éprouvant

La procédure judiciaire, engagée en décembre 2020, a duré plus de quatre ans. Durant cette période, Nasarawa United a tenté à plusieurs reprises de bloquer le procès avec des objections jugées infondées, contestant même la compétence du tribunal.

« Le club a traîné la procédure et qualifié la plainte de frivole et intéressée », a déclaré Tosin Akinyemi, avocat de la famille Chineme et fondateur de Sportlicitors. Pourtant, les preuves étaient accablantes : les examens médicaux évoqués par le club ne concernaient que le VIH, la malaria ou la typhoïde, sans lien avec la santé cardiaque.

Un message d’espoir

Pour la famille du joueur, le verdict est une immense victoire morale. « C’est une émotion difficile à décrire », confie Michael, frère de Martins Chineme. « Nous avons mené ce combat pour ceux qui pensent que tout espoir est perdu. »

Initialement réticente à porter l’affaire en justice par peur de s’attaquer à des autorités puissantes, la famille a été soutenue par la Fifpro tout au long du processus. Aujourd’hui, Michael Chineme a fondé la Chineme Martins Football Foundation, qui œuvre pour la protection juridique des footballeurs nigérians.

Un climat de peur

Cette affaire a aussi mis en lumière la peur qui règne dans le football nigérian. Michael a révélé que plusieurs joueurs ont refusé de témoigner, craignant des représailles sur leur carrière. Mais depuis le verdict, certains sont revenus vers lui pour lui exprimer leur gratitude.

« Ils m’ont dit : merci pour ce que vous avez fait. Nous ne savions pas que vous étiez allés si loin, ni que vous étiez restés aussi déterminés », rapporte Michael.

Une responsabilité partagée

Ni la NFF, ni la NPFL, ni Nasarawa United, ni Christian Mbah n’ont commenté la décision. Pourtant, cette condamnation rappelle que les fédérations et les clubs ne peuvent se placer au-dessus des lois.

« Trop souvent, ces institutions oublient qu’elles doivent rendre des comptes », a déclaré Loic Alves. « Ce jugement leur rappelle que l’organisation du football professionnel doit respecter les standards de sécurité pour ceux qui en font leur métier. »

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