Mercredi, la Juventus de Turin avait l’occasion d’accrocher un nouveau titre dans son immense palmarès. Pourtant favoris face à Naples, les leaders de la Serie A ont été méconnaissables. Dans le jeu, les Napolitains ont même eu les meilleurs opportunités pour marquer un but. Finalement, c’est aux tirs au but que Naples va battre la Juve.

A la fin du match, deux hommes ont été sévèrement critiqués par la presse : Cristiano Ronaldo, transparent en attaque, et Maurizio Sarri, dont les choix sont encore une fois remis en question. A la fin du match, l’entraîneur des Turinois a même pointé du doigt la condition physique de sa star. Alors que la Juve se dirige vers une fin de saison disputée (lutte pour le titre en Serie A et pour la Ligue des champions), il semble évident qu’un changement est nécessaire dans le club. Il est donc évidement clair que le mariage Sarri-Ronaldo ne fonctionne pas.

Mais les dirigeants de la Vielle Dame auront un choix à faire : garder Ronaldo ou garder Sarri. Ce choix, nous avons demandé à des confrères de le faire, se mettant à la place des dirigeants de la Juve. C’est ainsi l’objet de notre Débat de la semaine. Pour cette édition, Edem Attipoé, journaliste à Togo Matin, Boris Akan, journaliste 90minfoot (Bénin), Anselme Houenoukpo Tchigan, journaliste à Evènement Précis (Bénin), Damien Tolomissi, journaliste à l’Opinion Aujourd’hui (Bénin) et Urbain Zannou, journaliste à Benin Football, ont bien voulu participer. Voici leurs opinions.

Edem Attipoé, journaliste à Togo Matin

La finale de la coupe d’Italie perdue par la Juve, ce 17 juin, face aux Napolitains sera déterminante pour l’avenir des Bianconeri. En face, l’ego de coach Maurizio Sarri contre le leadership de C. Ronaldo. Le jeu de la Juventus fait état d’une grosse incompatibilité de style entre le coach et le goleador portugais.

[totalpoll id= »794558″]

La Juve a dans son ADN, un jeu direct basé sur la contre attaque et une solidité défensive. Un style, qui est propre à CR7. Mais Maurizio Sarri est venu avec sa philosophie de possession de balle axée sur une construction possessive faite de petites passes, ce qui n’est pas un crime. Mais dans son effectif, un C. Ronaldo qui a été recruté pour faire gagner l’équipe sur l’échiquier européen. Un Ronaldo dont les performances sont basées sur un style de jeu direct. Ce qui est contraire à la philosophie de son coach Sarri. Résultat ? Il y a une baisse en terme de rendement de CR7 et le portugais qui « s’ennuie » souvent.

« Le jeu de la Juventus fait état d’une grosse incompatibilité de style entre Cristiano et Sarri »

Sarri doit comprendre que le style qui peut lui faire gagner des titres est contenu dans un homme : CR7. Et en les voyant jouer, on sent qu’il n’y a pas cette alchimie de vouloir se faire porter par CR7. Dybala pas au service de CR7 (une erreur). Ramsey et Pjanic qui jouent plus latéralement que dans le dos et l’axe de la défense adverse (erreur). Costa qui se fou de quand faire la passe au moment opportun (erreur). Alex Sandro et Danilo sont moins centreurs sur instruction de Sarri (erreur). Voilà autant de points qui rendent piètres les résultats de le Juve, et cette finale perdue a été la plus flagrante.

« C’est Maurizio Sarri qui risque d’en payer les frais »

De cette analyse, c’est Maurizio Sarri qui qui risque d’en payer les frais. La Juve doit se séparer de Maurizio Sarri plutôt que de C. Ronaldo. Le portugais est une perle rare dont le club Piémontais ne peut se permettre le luxe de perdre. Si la Juventus a fait venir CR7 pour gagner et non pour le marketing, alors elle besoin d’un coach dont le style est compatible à celui de Ronaldo. Aussi, trouver de milieux plus inspirés et créatifs.

Boris Akan, journaliste 90mnfoot , Bénin

C’est très facile de juger une équipe sur seulement deux matchs disputés après 3 mois de période morte. La Juventus n’a certes pas gagné les deux derniers matchs, mais il ne faut pas oublier qu’elle n’a pas encaissé non plu. C’est une période compliquée et les grandes équipes finissent toujours par sortir la tête.
Il serait trop facile de trouver déjà des bouc-émissaires. Sarri a monté une équipe qui était sur une bonne dynamique avant la crise sanitaire, qui enchaînait les victoires. Cristiano Ronaldo, avec tout ce qu’on peut dire de lui, reste Cristiano Ronaldo.

« Si la Juve devrait se séparer de quelqu’un, se serait Sarri mais… »

Il a repris la préparation en groupe un peu tard, après 14 jours passés en quarantaine à son arrivée sur le sol italien. Ce n’est pas du tout facile avec une équipe qui n’est pas vraiment joueuse (à l’image du Barça). Si la Juve devrait se séparer de quelqu’un, se serait Sarri mais on ne peut juger un entraîneur sur deux matchs alors qu’il occupe la première place en championnat. Ronaldo quant à lui apporte gros à la Juve, c’est leur attaquant vedette et c’est lorsqu’il est plus dos au mur qu’il réagit le plus.

Anselme Houenoukpo Tchigan, Journaliste à Evènement Précis, Bénin

Ça fait des saisons que la vieille dame marche sur l’Italie. Championnat, coupe, le club a régulièrement remporté des titres. Donc, perdre une finale à mon sens, c’est quelque chose qui peut arriver à toutes les équipes. Et ce n’est pas parce que les joueurs sont mauvais ou que l’entraîneur est mauvais. Pour moi, pas besoin de dire que c’est de la faute de x ou de Y que le trophée a échappé à la vieille dame cette année.

« Je suis contre qu’on s’en prenne à qui que ce soit »

Le mieux à mon sens est de laisser le temps aux joueurs et à l’encadrement de digérer ce faux pas afin de mieux se remettre. Il ne faut pas occulter la période que traverse chacun de ces acteurs. Avec cette pandémie qui a tout fait arrêter pendant un bon moment, on doit quand même savoir être indulgent pour ne pas casser la maison. Sarri a fait de bonnes choses depuis son arrivée à la tête de l’équipe. Il a encore à apporter. CR7 aussi a apporté du sien. Il peut encore apporter. Juste que la reprise du jeu ne lui marche pas encore. Et d’ailleurs, depuis quelques années, Cr7 rate ses reprises de jeu. Et c’est vers la fin qu’on le découvre. Malheureusement, ce début de la reprise coïncide avec une finale. On va le dire comme ça avec la fin de certaines compétitions. Donc, on peut ne pas l’avoir pimpant sur cette période, mais il peut revenir à tout moment. Alors, je suis contre qu’on s’en prenne à qui que ce soit dans cette affaire. Qu’on laisse l’équipe terminer sa saison (une fin de saison rendue bizarre par le coronavirus) tranquillement et on verra la suite la saison prochaine.

Damien Tolomissi, Journaliste à l’Opinion Aujourd’hui, Bénin

En vérité, nous devons attendre la fin de la saison pour faire le bilan tout en tirant les grands enseignements. Mais en attendant, si on fait une projection, je crois qu’à mon humble avis, Maurizio Sarri pour moi, ne fait pas l’affaire. Il suffit d’analyser ses différents schémas tactiques et ses différentes compositions pour voir qu’il n’a pas pu ou a encore du mal à faire briller son équipe.

« Sarri, pour moi, ne fait pas l’affaire »

Face à lui dans ce choix, nous avons le King CR7, l’homme qui non seulement a donné une autre image à la vieille dame mais aussi qui, sur le plan marketing, a sublimé la caisse de la juve au niveau de la vente des maillots. Aussi performant soit-il sur le terrain, le Portugais est actuellement l’homme de la situation.
Conclusion, le choix est vite fait. La Juve pour redorer son blason a besoin d’un entraîneur qui est capable d’amener la vieille dame aux sacres avec pour joker, Cristiano Ronaldo.

Urbain Zannou, Journaliste à Benin Football, Bénin

La Juventus de cette saison est méconnaissable dans tous les secteurs de jeu malgré les joueurs de qualité qu’ils ont. La prestation de l’équipe depuis le début de la saison montre clairement que les joueurs ne se sont pas adaptés au style de jeu du nouvel entraîneur, Maurizio Sarri suite au départ Massimiliano Allegri. Malgré une première place en Serie A, à un point seulement du deuxième Lazio, la Vielle Dame n’est ni la meilleure attaque encore moins la meilleure défense. Le titre est de loin joué à 12 journées de la fin du championnat. Défait en finale de la Coppa Italia par Naples, la Vielle dame est plus que jamais dans le dur.

« Loin de l’idée de se séparer du coach, il faudra lui donner une seconde chance »

Loin de l’idée de séparer du coach, il faudra lui donner une seconde chance. Une deuxième saison afin que ses joueurs s’intègrent dans sa philosophie. La première saison de Pep Guardiloa avec Manchester City n’en était pas loin. Par la suite, le coach espagnol a su imposer son empreinte et le résultat est là aujourd’hui avec les Cityzens.
La direction va devoir travailler sur l’effectif la saison prochaine et permettre à l’ancien coach du Chelsea de disposer des joueurs de qualités et adaptés à son style de jeu.
Quid du Cristiano Ronaldo ? Le portugais, meilleur buteur des Bianconeri a encore prouvé cette saison, malgré l’âge, qu’il peut évoluer au haut niveau. Décisif dans plusieurs matchs, la présence du quintuplé Ballon d’Or dans cette équipe ne peut qu’être bénéfique.