Alors que Cristiano Ronaldo s’éloigne pour célébrer l’égalisation de dernière minute, les joueurs de l’Atalanta, démoralisés, se mettent à genoux et jettent leurs mains en l’air avec dégoût.
Les Italiens n’étaient pas les premières victimes de « M. Inexorable » cette saison, et ils ne seront pas les derniers. Ronaldo est de plus en plus souvent à l’origine de performances torrides pour son équipe, mais il a jusqu’à présent réservé ses buts les plus importants pour la Ligue des champions. Sur les cinq buts qu’il a marqués dans la compétition depuis le début de la saison, deux ont été marqués dans les derniers instants du match et le plus récent a été l’égalisation en milieu de semaine.
Ce but était le neuvième de Ronaldo en 11 matches depuis son retour à Old Trafford. L’après-midi du match à Bergame, le capitaine portugais a été nommé joueur du mois de United pour la deuxième fois consécutive. Pas mal pour un joueur de 36 ans.
Malgré tous les problèmes de United depuis le début de la saison, Ronaldo excelle d’une manière qu’il a normalisée au cours des 14 dernières années de sa carrière. Mais il ne faut pas prendre pour acquis la façon dont il s’est adapté depuis son retour au Théâtre des Rêves. Il n’y avait aucune garantie qu’il maintiendrait ces niveaux lors de son retour en Premier League à l’âge de 36 ans et les difficultés de Lionel Messi au Paris Saint-Germain ne font que souligner combien les choses auraient pu facilement être différentes.
[totalpoll id= »794558″]C’est peut-être parce que Ronaldo a normalisé des niveaux de performance aussi extraordinaires qu’il a fait l’objet de critiques aussi acerbes – et parfois bizarres – cette année, avec des détracteurs prêts à tout pour exploiter la moindre faille dans son armure. Ronaldo a été acheté pour marquer des buts et il remplit sa part du contrat.
Sans lui, United serait probablement troisième de son groupe de Ligue des champions et encore plus bas dans le classement de la Premier League. Depuis la défaite 5-0 contre Liverpool, Ronaldo a été l’une des figures de ralliement dans le vestiaire et on sent qu’il se sent piqué par certaines des critiques qu’il a reçues cette saison, notamment en ce qui concerne son rythme de travail. Mais la vérité est que Ronaldo est le moindre des problèmes de United et il est devenu un bouc émissaire facile pour la mauvaise campagne du club jusqu’à présent.
Solskjaer a, à juste titre, reçu sa part de critiques depuis le début de la saison, mais les projecteurs sur Ronaldo ont été une distraction pratique pour de nombreux membres de l’équipe et ont éclipsé certains problèmes plus faciles à résoudre que le Norvégien a négligés cette saison.
Après avoir concédé 15 fois en dix matches de Premier League, il est étrange de penser que c’est la même équipe de United qui a gardé 13 feuilles propres la saison dernière. La responsabilité de cette situation doit être partagée entre Solskjaer, pour les changements de système qu’il a effectués, et les performances individuelles des quatre défenseurs.
La saison dernière, Solskjaer a souvent été critiqué pour avoir fait jouer Scott McTominay et Fred devant la défense, et United a joué avec le frein à main lors des matches à l’extérieur contre des équipes comme Chelsea, Arsenal et Liverpool. Les deux hommes n’ont sans doute pas la créativité que les milieux de terrain de United ont eue par le passé, mais ils font les courses et les manœuvres que d’autres n’ont pas. Il est donc bizarre que Solskjaer ait souvent cassé la paire cette saison pour jouer un système 4-3-3 plus offensif, surtout quand il a un attaquant en Ronaldo qui a manqué à l’équipe ces deux dernières années.
Solskjaer avait prévu depuis longtemps de passer d’un système 4-2-3-1 à un 4-3-3 et l’achat de Jadon Sancho a été fait dans cette optique. Mais l’arrivée de Ronaldo n’était pas prévue et le Norvégien a fait preuve de naïveté dans sa lenteur à s’adapter aux faiblesses de l’attaquant. Ronaldo ne presse pas comme Roberto Firmino ou ne ferme pas les gardiens comme Jamie Vardy. Pour un manager qui a souligné à plusieurs reprises la nécessité pour son équipe d’être « la plus en forme du championnat », il devrait entourer Ronaldo de jambes et de coureurs volontaires. Au lieu de cela, il a fait jouer Mason Greenwood sur la droite et s’est contenté de Paul Pogba.
Au-delà de la tactique de Solskjaer, les performances individuelles de Harry Maguire et de Pogba devraient être des préoccupations plus pressantes qu’un « problème » fabriqué avec Ronaldo.
La forme de Maguire s’est effondrée cette année et les suggestions d’une blessure sous-jacente ont été écartées. Au lieu de cela, on a le sentiment que le défenseur a du mal à assumer la charge de capitaine du club dans une période aussi turbulente et qu’il ressent la pression de diriger quand les résultats sont si mauvais.
Le défenseur s’est encore rendu coupable du deuxième but de l’Atalanta lors du match nul 2-2 en Italie mardi soir, en se jouant de Duvan Zapata avant de s’élancer imprudemment et sans succès vers le Colombien, avant de tirer devant David De Gea.
L’absence de Raphael Varane ce week-end contre Manchester City signifie que Solskjaer n’a pas d’autre choix que d’aligner Maguire, mais sa forme cette saison a rarement justifié une place de titulaire et Eric Bailly a montré mardi qu’il était une alternative viable.
Si Maguire n’a pas été à la hauteur cette saison, il a le droit de penser que ceux qui sont devant lui ont laissé la défense exposée. Pogba a passé une grande partie de la saison dernière sur le flanc gauche, dans un rôle qui a donné au Français plus de liberté créative et moins de responsabilité défensive. Ce rôle convient parfaitement au milieu de terrain et cette évolution a permis à Pogba de réaliser sa meilleure saison à ce jour à Old Trafford.
Mais avec les arrivées de Sancho et de Ronaldo, Solskjaer a été contraint de repousser Pogba dans un rôle plus orthodoxe de milieu central, ce qui a déséquilibré United.
La saison de Pogba a été résumée par sa performance contre l’Atalanta mardi, le Français étant coupable de perdre le ballon dans sa propre moitié et de gaspiller la possession du ballon.
Paul Scholes était loin d’être impressionné par son ancien coéquipier, l’accusant d’être « parti avec les fées ».
Pogba a besoin de quelqu’un sur lui tout le temps… quelqu’un qu’il respecte totalement, il a besoin de personnes expérimentées derrière lui », a déclaré Scholes.
Quel âge a-t-il ? 28 ? C’est un joueur très expérimenté. Mais il fait partie de ceux qui arriveront à 35 ans et qui seront toujours les mêmes.
Il fera toujours les trucs stupides où il fait rouler le ballon, en empêchant les gens de montrer à quel point il est fort et adroit.
Le plus gros problème avec Paul, c’est sa concentration. Il s’en va avec les fées parfois.
Ronaldo a peut-être été considéré comme un « problème » dans certains milieux, mais Pep Guardiola se souviendra longtemps de ce qu’il aurait pu avoir ce week-end lorsque Manchester City se rendra à Old Trafford. Ne vous y trompez pas, l’Espagnol aimerait avoir un attaquant de l’envergure de Ronaldo en attaque et le transfert se serait concrétisé si United n’était pas intervenu dans les derniers instants de la fenêtre.
Comme à United, Ronaldo n’aurait pas offert grand-chose à City, mais il aurait eu la structure nécessaire pour s’épanouir. Solskjaer peut être reconnaissant que Ronaldo ait été persuadé de revenir à Old Trafford plutôt que dans la moitié bleue de la ville.
La question à laquelle Solskjaer doit maintenant faire face est de savoir s’il peut trouver un système viable pour tirer le meilleur de Ronaldo, tout en maintenant la solidité défensive. La pression sur le poste de Solskjaer a légèrement baissé après les résultats positifs contre Tottenham et l’Atalanta, mais il ne pourra pas survivre à une autre humiliation ce samedi. Ronaldo ne pourra pas continuer longtemps à colmater les brèches.
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