On a connu la belle épopée des Bruno Metsi, entraîneur emblématique des Lions à la Coupe du Monde 2002, Milovan Rajec avec le Ghana en 2010, qui ont laissé un souvenir impérissable au football africain. Il y’a également Claude le Roy qui est passé quasiment par toutes les grandes écuries africaines pour ne citer que ceux-là. Place maintenant à une nouvelle vague d’entraîneurs africains tels que Aliou Cissé, Florent Ibengue etc qui, malgré le scepticisme de certains, s’en sortent merveilleusement bien. À croire que les techniciens africains sont obligés de prouver deux fois plus et avec des salaires largement plus faibles, pour se voir accorder une place dans l’écosystème footballistique africain. Par contre, la tendance est entrain de s’inverser et on ne peut que s’en réjouir. Alors quelles sont les raisons de ce revirement ?
Les dirigeants ne sentent plus le besoin de chercher plus loin car le talent il est juste sous leur nez. Au lieu de dérouler les strass et paillettes avec des salaires faramineux pour les étrangers, la solution existe bien chez nous avec des tacticiens qui ont fait leurs preuves. La nomination récente de Daniel Cousin et de Kamara respectivement à la tête du Gabon et de la Côte d’Ivoire confirme tout le bien qu’on pense de cette solution. Au delà des avantages financiers, cette dernière représente un choix sportif assez réfléchi à plusieurs niveaux.
La connaissance du football local…
Il ne faut pas se le cacher, les entraîneurs africains sont souvent sous côtés. A tord la plupart du temps. Il est vrai qu’un bon joueur de football ne fait pas forcément un grand entraîneur. Florent Ibengue ne le sait que trop bien car à défaut d’avoir une carrière brillantissime, il est aujourd’hui le symbole même du nouveau type d’entraîneur africain. Arrivé sur la pointe des pieds en 2014, il avait réussi la prouesse de placer la RDC à la troisième place à la CAN 2015 avec un collectif limité ce qui n’est pas une mince affaire connaissant l’exigence du football continental. Il avait également remporté le CHAN l’année suivante avec les joueurs locaux. Et c’est là tout l’intérêt de l’avoir car c’est un fin connaisseur des talents enfouis du pays. Le retour au premier plan des léopards est tout à son honneur.
Quid d’Aliou Cissé ? En effet, les trajectoires sont quelque peu semblables. Lui a été un titulaire indiscutable lors des années glorieuses des Lions de la Teranga. Capitaine courage, il est un des plus illustres footballeurs du pays de la Teranga. En tant qu’entraîneur, même s’il n’a encore rien gagné jusqu’ici, Cissé fait un travail remarquable. Réussir l’exploit de qualifier le Sénégal à la CAN 2017 sans la moindre défaite n’est pas anodin. Le retour en grâce des Lions porte son nom en lettres majuscules. La déconvenue face au Cameroun en quart de finale de la CAN 2017 et le dernier Mondial n’y changeront pas grand chose. Car à chaque fois son équipe a su répondre présent. Cependant le temps d’adaptation est fini et à lui de confirmer notamment à la CAN au Cameroun (les lions bien partis pour être de la partie) où son équipe sera particulièrement attendu.
Plus loin il y’a également Ibrahima Kamara chez les éléphants qui commence sur un très bon deux sur deux de bonne augure pour la suite. Ce qui va sans doute inspirer les autres nations à faire pareillement dans le futur. Notre football n’en sera que gagnant.
Économiquement parlant plus rentable…
C’est là également tout le paradoxe de la question car quand les entraîneurs étrangers posent leurs pieds en Afrique, ils ont placé en position de confort dans de très bonnes dispositions. Pour souvent peu de résultats finalement. Ce qui est loin d’être le cas des sélectionneurs africains. On se souvient d’ailleurs, après que Cissé ait fait ses preuves avec l’équipe olympique, il s’est vu refuser l’équipe première au détriment d’un certain Alain Giresse qui s’est pourtant cassé les dents sur le banc des lions. Il a dû s’armer de patience et de détermination pour enfin arriver à ses fins. Il y’a une certaine injustice à l’égard des Cissé, Ibengue, Cousin etc car ils ne sont pas sur le même piédestal que les étrangers. Les salaires sont là pour témoigner. Le choix des sélectionneurs africains est économiquement plus rentable c’est un constat éloquent.
Les sélectionneurs africains de pure souche sont de plus en plus nombreux sur le continent. Comme pour montrer qu’on n’a pas besoin de grands noms pour parvenir à obtenir des résultats satisfaisants sur la scène continentale. De plus, y’a t’il de plus grande réjouissance que de voir un de ses plus illustres footballeurs à la tête de sa sélection ?
Birane BASSOUM