L’affaire semblait, au départ, incontestable : la République démocratique du Congo croyait tenir un argument solide pour contester le résultat d’un match crucial des éliminatoires du Mondial 2026.
Près d’un an plus tard, la décision de la FIFA est tombée, implacable : la plainte congolaise contre le Soudan est irrecevable. Non pas parce que les Congolais avaient tort, mais parce que la FECOFA n’a pas respecté la procédure. Une désillusion d’autant plus amère que la FIFA reconnaît que, sur le fond, la RDC avait raison.

Le 19 novembre 2023, au stade des Martyrs de Benghazi en Libye, les Léopards affrontaient les Crocodiles du Nil du Soudan lors de la 2ᵉ journée des éliminatoires. Chaque point comptait dans la course au Mondial, élargi à 48 nations et prévu du 11 juin au 19 juillet 2026, aux États-Unis, Canada et Mexique. Mais un détail allait changer le cours de l’histoire.
Parmi les Soudanais alignés figurait Jusif Joose Ali, un attaquant d’origine finlandaise naturalisé soudanais à la hâte. Pourtant, il n’avait pas encore obtenu de passeport soudanais : sur la feuille de match, seul son document finlandais figurait. Pour la RDC, c’était une infraction manifeste. Selon le règlement de la FIFA, tout joueur représentant une sélection doit disposer d’un passeport valide du pays concerné. La délégation congolaise a immédiatement réagi en déposant une réserve technique dans les deux heures suivant la rencontre. Tout semblait sous contrôle.
[totalpoll id= »812288″]Quand la procédure prime sur la vérité
Mais l’affaire a rapidement tourné au cauchemar administratif. La plainte formelle, qui devait suivre cette réserve, a été envoyée par email. Or, depuis 2021, la FIFA exige l’usage obligatoire du Portail juridique, une plateforme en ligne sécurisée pour ce type de contentieux. La FECOFA, mal informée ou trop lente, n’a corrigé l’erreur que 17 jours plus tard, dépassant largement le délai réglementaire. Un détail technique, mais fatal.
Dans son verdict, la FIFA confirme l’irrégularité : Jusif Joose Ali n’était pas éligible et la FECOFA avait raison sur le fond. Mais en droit sportif, la forme est aussi cruciale que le fond. Résultat : la plainte est déclarée irrecevable. Les trois points escomptés ne seront jamais attribués aux Léopards.
Un tournant manqué pour les Léopards

Au-delà de la défaite juridique, cette affaire prive le Congo-Kinshasa d’une victoire précieuse dans un groupe où chaque point compte. Récupérer ces points aurait pu changer le destin des Léopards.
À Kinshasa, la frustration est palpable. Comment un dossier si solide a-t-il pu être perdu à cause d’une simple erreur administrative ? Beaucoup y voient le reflet des faiblesses structurelles de la FECOFA, régulièrement critiquée pour son manque de professionnalisme.
L’affaire Jusif Joose Ali restera un cas d’école. Elle montre que, dans le football moderne, la gestion administrative est aussi déterminante que la performance sur le terrain. Pour la RDC, la leçon est claire : le respect strict des procédures est désormais aussi crucial que le talent des joueurs ou la stratégie de l’entraîneur. Dans un football mondialisé et juridiquement encadré, la moindre négligence peut coûter une qualification… et un rêve collectif.
La FIFA a finalement reconnu la justesse de la plainte congolaise… mais trop tard. La vérité sportive est restée prisonnière des méandres administratifs. Pour les Léopards, cette victoire arrachée mais jamais officialisée laisse un goût amer.
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