UEFA et multipropriété : vers plus de souplesse face aux critiques
À la Meinau, il suffit de se rendre au stade pour constater que la multipropriété de clubs reste un sujet sensible. Malgré un début de saison encourageant, le Racing Club de Strasbourg traverse une période délicate. La cause : une partie des supporters s’inquiète de la perte d’identité du club depuis son rachat par le consortium BlueCo, également propriétaire de Chelsea.

Alors que la multipropriété se développe en Europe, l’UEFA semble vouloir assouplir ses règles strictes pour éviter des sanctions jugées trop sévères, à l’image de l’exclusion controversée de Crystal Palace de la Ligue Europa Conférence cet été.
L’exemple Crystal Palace
En juin dernier, Crystal Palace, qualifié pour la Ligue Europa Conférence après la saison 2024-2025, a été exclu en raison d’un conflit de propriété avec l’Olympique Lyonnais, qui partageait des actionnaires communs. Malgré les efforts de John Textor pour vendre ses parts de Palace à Woody Johnson et se retirer de Lyon, ces mesures ont été jugées insuffisantes par l’UEFA, car elles n’avaient pas été prises avant la date limite du 1er mars 2025. La décision a suscité un tollé dans le football européen, beaucoup estimant que le calendrier rigide ne tenait pas compte des réalités sportives.
[totalpoll id= »812288″]Une volonté d’assouplissement

Selon The Guardian, l’UEFA prévoit désormais de maintenir la déclaration obligatoire avant le 1er mars pour tous les clubs potentiellement concernés, mais elle offrirait un délai supplémentaire jusqu’en juin si plusieurs clubs sous un même contrôle se qualifient pour une compétition européenne en fin de saison. Cette marge de manœuvre permettrait aux clubs concernés de se mettre en conformité, notamment en plaçant l’un des clubs dans un trust temporaire ou en réorganisant les structures de gouvernance. L’objectif : éviter des sanctions purement administratives comme celle infligée à Crystal Palace.
Cependant, cette évolution pourrait susciter des critiques. Certains craignent que les groupes de propriétaires utilisent ce délai pour repousser leurs décisions stratégiques ou brouiller les lignes entre leurs clubs. Ce débat fait écho aux analyses de Jean-Baptiste Guégan, spécialiste de la géopolitique du sport, et de David Gluzman, chroniqueur à 11e Art.
Les risques d’un modèle en expansion
Pour Guégan, la multipropriété transforme le football en une « compétition de holdings », où les décisions ne sont plus sportives mais financières ou stratégiques. Elle ouvre également la porte à des investisseurs provenant de pays aux valeurs différentes, comme le montre l’exemple du Qatar ou de l’Arabie Saoudite.
Au-delà des conflits d’intérêts et des dérives financières, la multipropriété pose un véritable problème d’équité sportive et de perte d’identité pour les clubs. Certains spécialistes suggèrent d’interdire les transferts entre clubs ayant le même propriétaire et d’empêcher que deux clubs d’une même galaxie disputent la même compétition européenne. Mais pour l’instant, l’UEFA ne semble pas suivre cette voie.
Ainsi, malgré un assouplissement annoncé, la multipropriété continue de diviser le football européen, entre modernisation et risques de financiarisation excessive du sport.
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