L’élimination de la Guinée de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 suscite de nombreux commentaires, notamment après la défaite 1-0 contre la Tanzanie le 19 novembre dernier.
Cette élimination a fait l’objet d’une requête déposée par la Fédération Guinéenne de Football auprès de la Confédération Africaine de Football (CAF), en raison de la participation d’un joueur tanzanien au match avec un numéro non inscrit sur la feuille de match. Si la Féguifoot est pointée du doigt, le gouvernement guinéen porte également une part de responsabilité, notamment en raison de l’absence de stades homologués, ce qui a contraint l’équipe à jouer tous ses matchs à l’extérieur, contribuant ainsi à cette élimination.
Dans cette interview exclusive avec le ministre des Sports, nous abordons les causes de l’élimination de la Guinée, les défis liés au manque de stades homologués et les perspectives pour le football guinéen.
AFRICAGUINEE.COM : La Guinée ne sera pas présente lors de la première CAN à 24 équipes, après sa défaite contre la Tanzanie. Quelle est votre réaction ?
KÉAMOU BOGOLA HABA : La Guinée fait partie des meilleures équipes d’Afrique et le match contre la Tanzanie en est un exemple. Cependant, il faut rappeler les conditions dans lesquelles ce match s’est joué. Sous une température de 35°C, la Guinée a dû jouer dans des conditions très difficiles, et l’équipe tanzanienne venait à peine d’arriver. Il est également important de se poser la question suivante : pourquoi la Tanzanie a-t-elle fait entrer un joueur portant le numéro 26, un numéro non inscrit sur la feuille de match et dont l’identité n’a pas été fournie ? Cette situation n’est pas anodine. Il est clair que cela faisait partie d’un plan pour déstabiliser l’équipe guinéenne. Ce genre d’incident a perturbé notre équipe, car cela a créé une confusion. Bien sûr, on pourrait dire qu’un but peut être marqué à n’importe quel moment, mais cet élément a joué un rôle dans la déstabilisation.
Les causes de cette élimination sont multiples, y compris les deux défaites lors des premiers matchs, mais il faut aussi souligner que l’équipe s’est redressée, a corrigé ses erreurs et a montré une dynamique positive. Par exemple, la Guinée a marqué huit buts en trois matchs après avoir peiné à en marquer plus de deux dans les précédentes rencontres. Cela démontre que des progrès ont été réalisés, avec notamment un nouveau gardien et une meilleure organisation du jeu autour de Guirassy, qui est devenu plus efficace.
Cependant, un problème structurel majeur demeure : le manque de stades homologués en Guinée.
AFRICAGUINEE.COM : Serhou Guirassy a évoqué la nécessité d’une meilleure organisation pour le football guinéen, soulignant que l’équipe doit jouer ses matchs loin de ses supporters. Comment expliquez-vous l’absence de stades homologués en Guinée après plus de 60 ans d’indépendance ?
KÉAMOU BOGOLA HABA : Il est vrai que la Guinée n’a pas réussi à homologuer ses stades jusqu’à ce jour, malgré les efforts. Toutefois, des travaux de rénovation ont été lancés et des progrès significatifs sont en cours. Depuis notre arrivée en mars 2024, nous avons pris des mesures pour faire avancer ce dossier. Par exemple, au stade du 28 septembre, l’entreprise responsable des travaux, malgré des difficultés financières, a fait des avancées notables, notamment en obtenant un bureau de contrôle, ce qui était auparavant inexistant. Les travaux avancent, et nous prévoyons que le stade sera prêt d’ici 2025, avec une pelouse praticable en mars 2025.
Quant au stade de Nongo, les travaux progressent également. Le président a pris la décision courageuse de lancer la rénovation simultanée des deux stades, un défi de taille. Les travaux sont bien avancés, et nous espérons également avoir une pelouse de qualité à Nongo d’ici mars 2025. Nous mettons tout en œuvre pour que ces stades soient disponibles dans les meilleurs délais, ce qui résoudra en grande partie la question des matchs à domicile pour notre équipe.
AFRICAGUINEE.COM : Quel est l’état d’avancement des travaux ?
KÉAMOU BOGOLA HABA : Les travaux du stade du 28 septembre sont actuellement à environ 70 %. Dès décembre, les équipes commenceront à semer le gazon, et trois mois plus tard, soit en mars 2025, nous aurons une pelouse praticable. Cela nous permettra d’accueillir des matchs à domicile, notamment contre l’Algérie pour la Coupe du Monde. Pour le stade de Nongo, les entreprises ont déjà reçu les financements nécessaires, et les travaux sont en bonne voie.
Nous espérons que, d’ici 2025, la Guinée disposera enfin de stades homologués et fonctionnels. En outre, le projet Simandou, qui pourrait contribuer à l’amélioration des infrastructures, fait également partie de notre stratégie à long terme.
AFRICAGUINEE.COM : En dehors des stades, quel est selon vous le véritable problème du football guinéen ?
KÉAMOU BOGOLA HABA : Le principal problème du football guinéen réside dans le manque de développement du sport à la base. Le pays ne dispose que de 28 clubs de football de haut niveau, concentrés principalement à Conakry, avec seulement quelques clubs dans d’autres régions comme Boké, Siguiri et Kankan. Depuis notre arrivée, nous avons relancé le sport à la base, avec la Coupe du Président qui se joue désormais dans toutes les préfectures et sous-préfectures. Cette initiative a suscité un grand enthousiasme, et chaque week-end, il y a une finale quelque part.
Nous avons également lancé un programme pour former des encadreurs dans toutes les préfectures, et cela contribuera à la structuration du sport à la base. Nous voulons que d’ici 2030, six stades homologués soient disponibles dans tout le pays, permettant ainsi à la Guinée de postuler sérieusement pour organiser des événements majeurs comme la Coupe d’Afrique des Nations ou le CHAN.
En résumé, les problèmes sont nombreux, mais nous sommes en train de les résoudre progressivement, notamment en réorganisant le sport à la base et en mettant en place des infrastructures durables. Si nous obtenons la qualification pour la CAN 2025, nous continuerons à investir à la fois au niveau national et international pour renforcer notre football.
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