Il y aura un avant et un après le 11 février 2024 pour Emerse Faé, lorsque l’ancien milieu de terrain ivoirien a fait chavirer toute une nation avec sa tactique. Sacré champion d’Afrique à domicile, Faé se concentre désormais sur un avenir qu’il espère tout aussi brillant pour son équipe. Dans un entretien avec Cafonline.com, en marge du symposium technique des Entraîneurs de la CAF, il se confie sur son parcours.
Emerse Faé : « Au départ, je n’ai pas réfléchi longtemps. J’ai accepté immédiatement, car c’est mon pays et je l’aime. Je n’ai pas peur des défis, des objectifs ou de prendre des risques. Je connaissais l’équipe depuis un an et demi, donc je savais ce que nous pouvions apporter pour changer l’état d’esprit. Grâce à Dieu, nous avons réussi. En tant que jeune entraîneur, si j’avais échoué, cela aurait compromis mes chances de continuer à exercer en Côte d’Ivoire et en Afrique. »
Comment la victoire à la CAN a-t-elle changé votre quotidien ?
« Sortir à Abidjan est devenu difficile, voire impossible dans certaines régions d’Afrique. Lors de ma dernière visite au Cameroun, j’ai été surpris par le nombre de supporters ivoiriens voulant des photos et des échanges. Cela montre à quel point les choses ont changé. Je reste néanmoins accessible et apprécie les interactions avec les fans. Ce succès m’a apporté une reconnaissance, mais je suis ravi de partager ces moments avec les Ivoiriens et les Africains qui apprécient mon travail. »
Quels ajustements avez-vous faits dans l’équipe pour ces résultats ?
« Nous avons changé l’état d’esprit, insufflé un esprit de combat. L’équipe avait besoin de confiance et de quelqu’un pour la guider, la soutenir dans les moments difficiles. Nous avons transformé cette opportunité en solidifiant notre mentalité et notre cohésion. Remporter une coupe à domicile est toujours un défi, et nous savions que seuls des combattants pouvaient accomplir cela. Ce que nous avons réussi à implanter dans l’équipe. »
Pourquoi est-il essentiel que les jeunes entraîneurs africains aient des opportunités de diriger leurs sélections ?
« C’est une immense fierté, car il est souvent difficile pour les jeunes entraîneurs africains en Europe d’accéder à de telles responsabilités. On nous propose souvent des postes d’assistants ou d’encadrement des jeunes équipes, mais pas les rôles clés. Avoir eu la chance de diriger la Côte d’Ivoire est une grande source de fierté pour moi et un exemple pour les jeunes entraîneurs africains. »
Comment décririez-vous votre collaboration avec Guy Demel ?
« Nous avons une relation très forte. Nous avons joué ensemble et avons même partagé la même chambre en équipe nationale. Il m’a présenté ma femme, et aujourd’hui, nous nous comprenons sans avoir besoin de nous parler. Quand l’un est épuisé, l’autre prend le relais. Guy m’aide énormément en allégeant ma charge de travail, et je me réjouis de travailler à ses côtés. »
En tant qu’entraîneur local, recevez-vous le respect que vous méritez ?
« Oui ! C’est inédit qu’un entraîneur prenne une équipe en cours de compétition et la mène à la victoire. Cela a été le cas après avoir éliminé le Sénégal et triomphé contre le Nigeria en finale. Je ressens beaucoup de respect de la part de mes collègues, et cela me rend heureux de voir cette solidarité entre entraîneurs africains. J’espère que mon parcours motivera d’autres à réaliser leurs ambitions. »
Quelles sont vos aspirations actuelles ?
« Mon objectif principal est de se qualifier pour la prochaine CAN et la gagner, pour prouver que notre victoire précédente n’était pas un coup de chance. Nous voulons aussi retrouver la scène internationale à la Coupe du Monde, absente depuis 2014. Je rêve de construire une génération encore plus talentueuse que la mienne, capable d’inspirer la peur chez nos adversaires et d’apporter des titres à la Côte d’Ivoire. »
Comment gérez-vous la notoriété lors de vos déplacements ? Avez-vous besoin d’un garde du corps ?
« (Il rit.) Actuellement, je n’ai pas besoin de sécurité dans mon pays, et j’apprécie de pouvoir passer du temps avec le peuple. Tant que les gens continuent à être respectueux, je ne ressens pas le besoin de me protéger. J’espère que cela restera ainsi. »
Un mot sur votre début de campagne pour les éliminatoires de la CAN 2025 ?
« Nous avons bien commencé avec deux victoires lors des deux premières journées. Mon objectif reste de se qualifier rapidement pour pouvoir tester d’autres joueurs par la suite. Mais pour le prochain stage, l’objectif reste le même : la qualification. »
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