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Où en est Caster Semenya, la triple championne du monde depuis sa triste suspension ?

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Depuis la confirmation de sa suspension en 2019, la Sud-Africaine Caster Semenya (32 ans) ne cesse de mener des actions afin de retrouver la compétition.

Elle était l’une des porte-flambeaux du continent africain dans l’athlétisme. Malheureusement, Caster Semenya va connaître une triste suspension pour une situation indépendante de sa volonté. En effet, la Sud-Africaine est privée de compétition par la World Athletics (WA) depuis quatre ans à cause d’un taux de testostérone trop élevé.

Qui est Caster Semenya ?

Caster Semenya est une athlète sud-africaine, spécialiste du 800 mètres avant sa suspension. Maîtresse de son art, elle est double championne olympique (2012 et 2016) et triple championne du monde (2009, 2011 et 2017) sur cette distance. Outre le 800 mètres, Caster a également remporté des médailles sur 1500 mètres et 400 mètres lors de différentes compétitions internationales. Cependant, son apparence et sa voix, particulièrement masculines, suscitent beaucoup de débats et de crispations depuis le début de sa carrière sur la scène internationale en 2008.

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En effet, Semenya est née avec une différence de développement sexuel (DSD), ce qui signifie qu’elle a des caractéristiques biologiques masculines et féminines. La native de Pietesburg en Afrique du Sud a un génotype XY, un déficit en 5-alpha réductase et une production inhabituelle de testostérone, l’hormone qui augmente la masse musculaire et la force. Malgré les critiques qui déboucheront sur sa suspension, Caster Semenya s’identifie comme une femme comme elle a été assignée à la naissance.

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Pourquoi est-elle suspendue ?

En 2009, après sa victoire aux championnats du monde de Berlin, celle qui a commencé à courir depuis ses 12 ans a été soumise à des tests de féminité par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), l’ancêtre de WA. Sans surprise, ces tests révélaient qu’elle avait un taux de testostérone supérieur à la moyenne des femmes. L’IAAF a alors décidé de réglementer l’accès à ses compétitions pour les athlètes de son genre, en fixant un seuil maximal de testostérone pour les épreuves dont elle ne sera plus éligible.

Semenya a contesté cette décision devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), arguant qu’elle était discriminatoire et qu’elle violait ses droits humains. Alors que l’athlète avait la possibilité de suivre un traitement pour réduire sa masculinité, elle va refuser cette option. Caster Semenya refusera de prendre des médicaments pour réduire son taux de testostérone, car cela aurait des effets néfastes sur sa santé et sa performance.

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Caster Semenya sur le 800m Athlétisme aux Jeux Olympiques 2012 à Londres

En attendant sa suspension définitive, Caster Semenya va continuer la compétition jusqu’en 2019 où le TAS va rejeter son appel et valider la réglementation de l’IAAF, au nom de “l’équité sportive”. En effet, le tribunal arbitral du sport estimera que les athlètes du genre DSD ou de Semenya ont un avantage injuste sur les autres femmes. Ainsi, il fallait les obliger à baisser leur taux de testostérone pour participer aux épreuves concernées.

La triple championne a ensuite saisi la Cour suprême suisse, qui a confirmé en 2020 la décision du TAS. Elle a donc été privée de compétition sur 800 mètres, sa distance favorite, depuis 2019. Ainsi, elle ne participera pas aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, ni aux championnats du monde d’athlétisme en 2019 et 2021.

Un recours devant la CEDH ?

Considérant sa suspension comme injuste, Caster Semenya n’a jamais renoncé à son combat juridique malgré ses échecs précédents. L’athlète âgée de 32 ans aujourd’hui a décidé de porter son cas devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), basée à Strasbourg.  Avec ce recours, Semenya espérait que la CEDH va reconnaître que la réglementation de WA viole la Convention européenne des droits de l’homme sur l’équité.

« Je ne serai jamais fatiguée de me battre pour cette cause car cette règle est un frein pour plein de jeunes athlètes africaines, avait-elle notamment indiqué. Ça n’a aucun sens. Je suis totalement contre ces règles. Le sport n’a jamais été équitable et ne le sera jamais. Si c’était le cas, on serait tous les mêmes sans aucune différence », a déclaré celle qui rêve des JO 2024 à Paris au journal l’Equipe.

L’heureux verdict de la CEDH pour Semenya

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L’athlète sud-africaine, empêchée de participer à certaines courses parce qu’elle refuse un traitement pour faire baisser son taux de testostérone, a remporté son combat devant la Cour européenne des droits de l’homme. Dans une décision publiée mardi, la cour, à une majorité de quatre juges contre trois, estime en particulier que «la requérante n’a pas bénéficié en Suisse des garanties institutionnelles et procédurales suffisantes qui lui auraient permis de faire valoir ses griefs de manière effective

Les droits énoncés dans l’article 14 (interdiction de la discrimination) et l’article 13 (droit à un recours effectif), en relation avec l’article 8 (droit au respect de la vie privée) de la CEDH, ont été enfreints par le système judiciaire suisse. La Suisse est tenue de payer une indemnité de 60 000 euros pour couvrir les frais et les dépenses engagés par la requérante. Avant tout, cette Cour souligne que « les inégalités basées uniquement sur le sexe doivent être justifiées par des raisons très solides, des motifs impérieux ou des arguments particulièrement convaincants ».

Il s’agit d’une belle victoire de Caster Semenya qui menait le combat contre sa suspension depuis plus de dix ans.

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