Réputé pour sa science tactique et son amour du football, Marcelo Bielsa, fraîchement qualifié pour les demi-finales de la Copa América après la victoire probante de l’Uruguay face au Brésil, s’est exprimé de manière tranchée en marge de ce choc sud-américain. L’ancien technicien de l’Olympique de Marseille a critiqué l’évolution de son sport…
« Le football est dans un processus de déclin. » Les mots forts de Marcelo Bielsa, sélectionneur de l’Uruguay, expriment sa satisfaction face à la performance de la Celeste, qualifiée pour les demi-finales de la Copa América après une victoire arrachée contre le Brésil (0-0, 4-2 t.a.b). Cependant, le technicien argentin de 68 ans a tenu un discours très critique sur l’évolution récente du football. En marge de la rencontre face à la Selecao, l’ex-manager de Leeds a tiré la sonnette d’alarme, alors que certains observateurs s’inquiètent de l’avenir de ce sport.
«Je suis certain que le football est dans un processus de déclin, c’est-à-dire que de plus en plus de gens regardent le football, mais qu’il devient de moins en moins attrayant parce que ce qui a fait de ce jeu le premier jeu au monde n’est pas privilégié», a déclaré Bielsa lors d’une conférence de presse organisée avant le match contre le Brésil. Inquiet et frustré par le virage pris dans le monde du football, Bielsa a notamment dénoncé ce football business où la notion de plaisir tend progressivement à disparaître. «Si vous laissez beaucoup de gens regarder le football, mais que vous ne protégez pas le plaisir de ce qu’ils regardent, cela favorise le business, car le business est que beaucoup de gens regardent le football», regrettait celui que l’on surnomme «El Loco».
Bielsa dénonce le football business !
Pour appuyer ses propos, l’ancien entraîneur de l’OM a évoqué les récentes décisions prises par les instances, notamment l’arbitrage vidéo. « Pour moi, cela fait beaucoup de mal au football. Ce sport a une particularité : lorsqu’il devient complètement prévisible, il perd de son attrait », a-t-il déclaré. Il a poursuivi : « Au fur et à mesure que le temps passe, que de moins en moins de footballeurs valent la peine d’être vus et que le jeu produit est de moins en moins agréable, cette augmentation artificielle du nombre de spectateurs va être interrompue. »
Prédisant un avenir sombre pour le football si rien ne change, Bielsa a complété sa tirade par quelques conseils issus de sa propre vision du sport. « Le football, ce n’est pas cinq minutes d’action, c’est bien plus que cela. C’est une expression culturelle, une forme d’identification. Dites à un Uruguayen de regarder les moments forts de la Celeste… Il y en aura de plus en plus, mais cela n’a rien à voir avec l’essence qui a permis à une population de tomber amoureuse du signe d’identification le plus significatif qu’un peuple possède. Ce que nous devrions tous faire, c’est ignorer ce scénario qui nous est proposé où la controverse, la discussion, l’accusation, la détermination de la responsabilité, deviennent une obsession qui détériore le climat dans lequel le football doit être joué. »
Alarmé, Bielsa a finalement conclu en pointant du doigt l’affaiblissement du football sud-américain et l’exode des plus grands talents locaux vers l’Europe, une tendance qui n’est guère rassurante.
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