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ALAIN TRAORÉ : « Je remettais la totalité de mes primes de match à ma mère »

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Les footballeurs sont souvent perçus comme de gros flambeurs, qui claquent leurs argents, pour s’offrir des bolides de rêves, bâtir de splendides maisons, s’habiller avec des vêtements de marques.

Le citoyen lambda qui doit faire face à certaines difficultés au quotidien, a l’impression que le footballeur vit dans une bulle, coupé des réalités qui l’entoure. L’image que le footballeur renvoie est parfois erronée. Certes, il y a bien des joueurs qui ne se privent de rien et profitent à fond de leurs fortunes.

ALAIN TRAORÉ : « Je remettais la totalité de mes primes de match à ma mère »

Peut-on les en vouloir pour cela? leurs argents, ils ne l’ont pas volé et ils ont dû beaucoup travailler pour arriver là où ils sont. Commencer une carrière dans le football n’est pas chose aisée car il y a de nombreux obstacles en chemin. Il faut s’armer de courage, de persévérance, d’abnégation, d’une volonté inébranlable pour réussir dans le monde du foot. il y a beaucoup d’appelés mais très peu d’élus.

Le football est aussi un moyen pour de nombreux jeunes, notamment sur le continent africain, de grimper dans la hiérarchie sociale et vivre dans l’abondance. Alain Sibiri Traoré, le génial meneur de jeu burkinabè et ancien joueur de l’AJ Auxerre est une figure emblématique du football burkinabè.

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Il est depuis quelques années, un des leaders du vestiaire des Étalons. Lors de la CAN 2013, il a été l’un des grands artisans du beau parcours des burkinabès, qui sont arrivés en finale avant de s’incliner face au Nigeria. C’est un maillon essentiel de la sélection burkinabè.

Mais avant d’écrire les plus belles heures du football burkinabè, Alain Traoré est passé par beaucoup de galères. Il a dû lutter pour s’en sortir après le décès de son père. La rédaction d’Afrique Sports vous propose de revenir sur le parcours exemplaire du numéro 10 burkinabè.

Alain Traoré est né le 31 décembre 1988, à Bobo Dioulasso, la capitale économique du Burkina Faso. Il est le fils d’Isaïe Traoré, ancien international Burkinabé et d’Aminata Isabelle Traoré. Son père Isaïe, a notamment évolué sous les couleurs du Racing Club de Bobo Dioulasso.

Alain est aussi le frère du virevoltant attaquant de Lyon, Bertrand Traoré. Il faut dire qu’Alain sera très tôt bercé dans le football. Son père Isaïe, rêve que son fils devienne à son tour joueur professionnel de football. Le petit Alain va donc apprendre ses premiers gestes techniques aux côtés de son père.

Le décès d’Isaïe Traoré, un tournant dans la vie d’Alain Traoré

En octobre 1995, un mois après la naissance de son autre fils, Bertrand Traoré, Isaïe Traoré meurt tragiquement. La vie d’Alain Traoré va alors basculer. Devant cette situation, il n’abandonne pas son rêve de devenir footballeur. Il est persuadé que seule la signature d’un contrat professionnel pourrait lui offrir assez de moyens afin d’aider sa maman qui seul, élève ses fils en cumulant plusieurs métiers.

C’est ainsi qu’au tournant des années 2000, il intègre la célèbre académie de football, « Planète Champions », qui se trouve dans la capitale burkinabè, Ouagadougou. À planète Champions, Alain va côtoyer un certain Jonathan Pitroipa, un autre international burkinabè, qui a été le meilleur joueur de le CAN 2013. Les encadreurs flairent très vite un potentiel chez le gamin, qui montre des qualités techniques indéniables.

À l’époque, Alain ne touchait que 2000 FCFA (environ 4 euros) ce qui ne lui permettait pas de subvenir à tous ses besoins. Sa mère connaissait aussi d’énormes difficultés et ne parvenait pas à joindre les deux bouts. Ce fut une période très compliquée pour la famille Traoré. Ils ont vraiment connu le manque et la précarité.

La Coupe d’Afrique des Nations U17, et le début de l’éclaircie

Malgré toutes ses épreuves, Alain n’abandonne pas. Il sait que sa mère compte sur lui et continue de travailler comme un force né. Grâce à ses bonnes performances avec les académiciens de planète Champions, il est très vite repéré par le staff de la sélection nationale des moins de 17 ans. Il sera donc sélectionné pour participer à la CAN des moins de 17 ans en 2005.

Sa sélection avec les jeunes pousses burkinabès, lui permet d’empocher la somme de 500000 FCFA. Il remettra la totalité de la somme à sa mère une fois rentrée au pays. Lors de le CAN U17, ses très bonnes prestations et son pied gauche de velours tapent dans l’œil de recruteurs étrangers. C’est ainsi qu’il fut contacté par le mythique manager du grand Manchester United, Sir Alex Ferguson.

Les Reds Devil’s voulait lui proposer un contrat, mais cela ne n’aboutira pas à cause de certains détails administratifs. L’AJ Auxerre, club légendaire du championnat de première division français, qui était à l’affût, va saisir cette occasion pour faire une offre à Alain Traoré. Sa maman va jouer un grand rôle dans ce dossier.

Les émissaires auxerrois vont alors proposer 10 millions de FCFA (1600 euros) à Aminata Isabelle Traoré, afin qu’elle convainc son fils de rejoindre l’AJ Auxerre. Ce dernier n’hésite pas un seul instant car le bonheur de sa mère passe avant tout. Il sait très bien que les 10 millions permettront à sa mère de sortir de sa condition précarité.

Il s’envole ainsi pour la France pour y poursuivre sa carrière et parapher son tout premier contrat professionnel. Ses problèmes financiers derrière lui et sachant que sa mère, est désormais à l’abri du besoin, Alain peut se consacrer pleinement à sa carrière.

Avec l’AJA, il aura la possibilité d’apprendre beaucoup aux côtés du célèbre entraîneur français, Guy Roux. Il va d’abord s’aguerrir avec la réserve du club, avant de faire quelques apparitions remarquées avec l’équipe première. En 2009, il sera prêté au club de Brest qui évolue en Ligue 2, pour continuer son apprentissage. Il reviendra à Auxerre lors de la saison 2010-2011, où il pourra jouer plus de matchs.

Pour cette saison, le club avait réussi à se qualifier pour la ligue des champions et le jeune Alain a eu l’occasion de goûter au doux parfum de la plus prestigieuse des compétitions de football européen. En 2012, Alain Traoré signe au FC Lorient, sociétaire de la Ligue 1.

Chez les merlus, il étale toute sa classe avec ce fameux pied gauche magique qui fait des dégâts. Il marquera des coups francs d’anthologies et en 2015, l’AS Monaco désire se faire prêter le joueur. Il débarquera ainsi sur le rocher. Après une saison solide avec Monaco, il signe un contrat de 2 ans avec le club turc de Kayserispor en 2016.

Le gros point noir de la carrière d’Alain Sibiri Traoré, se sont ses blessures. Au cours de sa carrière, il a connu de multiples blessures qui ont ralenti sa progression, sans quoi, il aurait pu viser encore plus haut. D’ailleurs, Sir Alex Fergusson, lors d’un entretien avec le média anglais BT Sports affirmera ceci:

» Quand j’ai vu les toutes premières prestations d’Alain Traoré, j’ai été ébahit. Pour son âge, il possédait une qualité technique impressionnante. Il se permettait tout avec son pied gauche. J’éprouve un sentiment de regret de n’avoir pas pu le conserver à Manchester. Il avait quelque chose en plus que les autres. C’est clair, il avait un don et je l’ai compris très rapidement. »

La vie n’a pas été toujours rose pour Alain Traoré, il a connu de véritables tempêtes mais il est toujours resté debout. Il a perdu si jeune son père qu’il aurait pu ne pas s’en remettre.

Il a assumé très tôt des responsabilités. D’autres auraient pu s’effondrer sous la pression mais lui, il a tenu bon et c’est avec volonté qu’il s’est accroché à ses ambitions. Ses vœux les plus chers se sont réalisés: il est devenu professionnel et sa famille ne manque plus de rien.

Il évolue désormais au Maroc, avec le club de D1, de La Renaissance Sportive de Berkane. Il sera encore un atout essentiel pour le Burkina Faso lors des prochaines journées des éliminatoires de le CAN 2019. Alain Sibiri Traoré est un exemple. Son parcours montre que rien n’a été facile pour lui.

Il a dû batailler très dur contre les épreuves de la vie afin de pouvoir toucher du doigt ses rêves. Rien ne lui a été offert sur un plateau d’argent. Sa foi, sa détermination et son courage lui ont permis de viser les étoiles. Son parcours atypique, montre que quelles que soient les difficultés, il faut toujours croire en soi et ne jamais lâcher. Chapeau à vous, monsieur Alain Traoré.

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