À l’occasion de la dernière Assemblée Générale de la Fédération Camerounaise de Football (FÉCAFOOT) qui s’est tenue en novembre 2024, Samuel Eto’o, président de l’instance, a réussi à mettre en œuvre des changements significatifs aux statuts de la fédération. Ces modifications, qui sont considérées comme une troisième révision en moins de quatre ans, soulèvent des interrogations et des critiques au sein du milieu footballistique camerounais.
Les statuts d’une fédération sportive sont essentiels, car ils régissent le fonctionnement et l’organisation de l’entité. Samuel Eto’o, élu à la tête de la FÉCAFOOT en 2021, a entrepris de modifier ce texte fondamental qui structure le football camerounais. Les changements qu’il a proposés visent à renforcer son pouvoir au sein de la fédération, mais ils suscitent également des inquiétudes quant à leur impact sur l’équité et l’éthique dans le sport.
Les principales modifications
Parmi les modifications notables, Eto’o a convaincu l’Assemblée Générale d’augmenter le nombre de mandats des membres. Auparavant limités à deux mandats de quatre ans, les membres du comité exécutif peuvent désormais exercer trois mandats, soit un total de douze ans. Cette décision soulève des questions sur la pérennité du renouvellement au sein des instances dirigeantes et sur les risques d’un pouvoir trop concentré entre les mêmes mains.
De plus, les restrictions concernant les candidats potentiels ont été assouplies. L’article 24 alinéa 4 a été modifié pour exclure uniquement les personnes condamnées à une peine privative de liberté assortie d’un titre de détention. Cela ouvre la porte à un plus grand nombre de candidats, mais certains craignent que cela ne favorise des individus aux antécédents douteux.Un autre changement important concerne l’âge limite pour se présenter à la présidence, qui a été abaissé de 70 à 65 ans. Cette modification pourrait permettre à Eto’o et à ses alliés de maintenir leur influence au sein de la fédération pendant une période prolongée.Un comité exécutif élargiLe nombre de membres du Comité Exécutif a également été augmenté, passant de 20 à 22. Les deux nouveaux membres pourront être cooptés par le président lui-même, ce qui soulève des préoccupations quant à la transparence et à l’impartialité du processus électoral au sein de la FÉCAFOOT.
Ces décisions ont déjà suscité une vague de critiques parmi les acteurs du football camerounais. Des figures comme Guibai Gatama dénoncent ces mesures qu’ils jugent antidémocratiques et qui semblent viser à éliminer toute opposition au sein de la fédération. Selon Gatama, ces changements pourraient limiter les droits des clubs et nuire à l’équité dans le football camerounais.Les critiques soulignent également que ces modifications interviennent dans un contexte où le football camerounais fait face à des défis financiers importants. Les clubs professionnels et amateurs se plaignent régulièrement du manque de soutien financier et des retards dans le paiement des subventions et des droits de sponsoring. Dans ce climat difficile, beaucoup estiment que les priorités devraient être réorientées vers le développement du football plutôt que vers l’accroissement du pouvoir personnel d’un dirigeant.
L’avenir du football camerounais semble incertain alors que Samuel Eto’o continue d’exercer son influence sur la FÉCAFOOT. Les modifications apportées aux statuts pourraient avoir des conséquences durables sur la gouvernance du football dans le pays. Si ces changements sont perçus comme une tentative d’accroître le contrôle d’Eto’o sur l’organisation, ils pourraient également provoquer un mécontentement croissant parmi les clubs et les supporters.
Samuel Eto’o a réussi à modifier les statuts de la FÉCAFOOT lors de cette Assemblée Générale, mais ces changements sont loin d’être unanimes. Alors que le président cherche à consolider son pouvoir, il doit également faire face aux critiques croissantes qui remettent en question ses intentions et l’impact potentiel sur l’équité dans le football camerounais. La situation actuelle appelle à une réflexion approfondie sur la direction que prendra le football au Cameroun dans les années à venir. Les acteurs du milieu doivent se mobiliser pour garantir que les décisions prises servent véritablement l’intérêt général et contribuent au développement durable du sport dans le pays.
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