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FECAFOOT : Comment Eto’o a orchestré sa démission et le départ de Rigobert Song !

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Après l’élimination du Cameroun à la Coupe d’Afrique des Nations 2023, le président de la Fédération camerounaise de football a déposé sa démission le 5 février 2024. Selon un communiqué de la Fecafoot, la démission de Samuel Eto’o Fils a été rejetée après des discussions au sein du comité exécutif. Cependant, certains observateurs estiment que cette situation pourrait être une mise en scène orchestrée par Samuel Eto’o lui-même.

Selon le journaliste Boris Bertolt, Samuel Eto’o aurait utilisé le comité exécutif de la Fécafoot pour simuler une démission afin de se débarrasser du sélectionneur des Lions Indomptables, Rigobert Song. Dans un récit plein de rebondissements, Boris Bertolt révèle les coulisses de cette journée mouvementée à la Fécafoot.

Les manigances de Samuel Eto’o selon le journaliste

La session s’est ouverte à 10 heures. Samuel Eto’o, à la tête de la Fédération camerounaise de football, s’est présenté 8 minutes à l’avance. Parmi les 16 membres, 9 étaient physiquement présents tandis que les autres participaient par vidéoconférence. Camille Loe, le directeur de cabinet responsable de l’organisation de cet événement, était absent. Il avait quitté pour Douala la veille et était attendu dans la journée.

Comment Eto'o a orchestré sa démission et le départ de Rigobert Song !

À l’heure exacte de 10h, Samuel Eto’o fait son entrée dans la salle, où tous les membres s’étaient déjà installés. Suite aux salutations d’usage et une courte prière, le président de la FECAFOOT s’installe au centre de la table. Avec un visage tendu et d’une voix posée, il s’adresse aux membres du comité exécutif : « Voilà, j’ai pris la décision de remettre ma démission. Je vous demande de me remettre immédiatement vos propres démissions. Je n’ai jamais été autant humilié. Je transmettrai les démissions à la FIFA, et nous en resterons là ». Il extrait de ses documents l’article 17 des statuts de la FECAFOOT concernant les procédures de démission.

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Samuel Eto’o avait déjà employé une tactique similaire par le passé. Lors de l’assemblée générale de la FECAFOOT, le samedi 27 août 2022, confronté à une remise en question de sa légitimité par certains membres du Comité exécutif menés par Guibai Gatama, Eto’o était entré dans la salle à Douala, feignant de vouloir démissionner, avant d’être finalement acclamé. Par la suite, il avait tenté d’étendre la durée du mandat de président de la FECAFOOT de 4 à 7 ans, une modification qui avait été formellement interdite par la FIFA.

Cette fois-ci, même au niveau international, le président de la Fédération camerounaise de Football est fortement contesté et fait l’objet d’une enquête approfondie de la part de la CAF et de la FIFA. Le département sport du New York Times a pu consulter plusieurs messages WhatsApp, e-mails, lettres et enregistrements audio d’un ancien cadre de la Fecafoot, corroborant une série d’accusations. Parmi celles-ci, il est allégué que Eto’o et ses proches seraient impliqués dans des matchs truqués, des abus de pouvoir, des menaces physiques, une incitation à la violence, ainsi que la propagation de fausses informations au Cameroun.

Face à cette situation, après l’échec à Abidjan, Eto’o sait qu’il est sur la sellette et tente un ultime baroud d’honneur. Ce lundi matin du 5 février 2024, lorsqu’il annonce son intention de démissionner en salle et demande celle des membres du comité exécutif, un silence pesant s’installe. Ce silence dure presque cinq minutes. Les neuf membres présents se regardent pendant quelques instants, cherchant à deviner la réaction de chacun, avant qu’un concert de pleurs ne débute.

Comment Eto'o a orchestré sa démission et le départ de Rigobert Song !

Les membres du Comité exécutif originaires du Grand-Nord et de l’Ouest du Cameroun entrent en action en premier. Ils réaffirment leur soutien au président de la FECAFOOT, affirmant que le football camerounais ne peut survivre sans lui.

Ensuite, Céline Eko, la première vice-présidente de la FECAFOOT, surnommée « madame 20% » en raison des frais qu’elle impose aux prestataires et qu’elle prélève sur certaines joueuses des équipes nationales féminines, se lève de sa chaise et déclare : « Monsieur le président, vous partez pour nous laisser à qui ? Que deviendrons-nous sans vous ? ». Des applaudissements éclatent dans la salle, rappelant les derniers moments de Mobutu.

Malgré cela, Samuel Eto’o se lève et se dirige vers la porte. Avant de l’ouvrir, quatre membres du Comité exécutif se précipitent sur lui pour l’arrêter : AbdoulKarimou, Norbert Fouedjeu et Céline Eko, qui lui demandent en criant de ne pas partir. Samuel Eto’o a veillé à ce que tous les secteurs du Cameroun soient représentés dans cette comédie : Norbert Fouedjou de l’Ouest, AbdoulKarimou du Grand-Nord et Céline Eko du Grand-Sud. Après cette scène, tous les délégués se lèvent et les acclamations fusent dans la salle.

À la fin de ce spectacle, Samuel Eto’o reprend la parole et déclare : « Je vous ai compris. C’était une causerie, il fallait qu’on se regarde en face et qu’on se dise les vérités. Nous allons poursuivre le travail« .

Il entame alors une longue explication sur les scandales de la CAN. Concernant le cas d’André Onana, il admet avoir écarté Ernest Obama parce que c’est lui qui a contacté Onana alors que ce dernier savait qu’il ne jouerait pas. Il confie également que, s’il dépendait de lui, Onana ne jouerait plus en équipe nationale. Cependant, il laisse entendre que le gardien de Manchester United a été imposé par une autorité supérieure, sans préciser de qui il s’agit, implicite mettant ainsi en cause le chef de l’État, Paul Biya.

En ce qui concerne Germi Njitap, Eto’o exprime son mécontentement en déclarant : « Regardez Jérémie. Au premier match, il n’est pas descendu dans les vestiaires. Au deuxième match après la défaite, il était absent. Que vient-il faire après la victoire face à la Gambie ? ». Les membres du Comité exécutif acquiescent.

Enfin, concernant Rigobert Song, Eto’o annonce qu’il a décidé de ne pas renouveler son contrat et demande aux membres de proposer dans les enveloppes devant eux le nom d’un entraîneur camerounais. S’il faut choisir un entraîneur étranger, il assure qu’il s’en chargera lui-même.

Les travaux se terminent à 17h40 avec des chants en l’honneur du président Samuel Eto’o, qui prend ensuite l’avion pour Paris, où il est arrivé ce matin. Il a prévu de rencontrer la première dame, Chantal Biya, dans son agenda, dans l’espoir d’être sauvé une nouvelle fois. De qui ? On ne sait toujours pas.

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