Invité de la télévision slovène, Aleksander Čeferin a déclenché une vive polémique. Le président de l’UEFA, qui valide depuis trois ans et demi l’exclusion des athlètes russes en raison de la guerre en Ukraine, se montre en revanche bien plus prudent au sujet d’Israël en pleine offensive à Gaza. Une position jugée contradictoire et révélatrice d’un double discours.
L’entretien survient alors que la trêve internationale coïncide avec la reprise des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Čeferin y défend un principe : selon lui, tous les sportifs, même issus de pays sanctionnés, devraient avoir le droit de concourir. Mais son raisonnement, perçu comme à « géométrie variable », nourrit les critiques. « Les Russes sont écartés depuis trois ans et demi, la guerre s’est aggravée et pourtant ils ne jouent toujours pas. Pour Israël, nous avons décidé qu’ils pouvaient continuer. Il m’est difficile de dire ce qui se passera à l’avenir. Mais en principe, je pense que tous les sportifs devraient avoir la possibilité de concourir », a-t-il déclaré.

Pour de nombreux observateurs, cette différence de traitement illustre une hypocrisie flagrante, reflet d’un compromis dicté par les équilibres politiques occidentaux. Čeferin reconnaît d’ailleurs la pression exceptionnelle exercée au début du conflit russo-ukrainien, évoquant une réaction « presque hystérique » des dirigeants européens. Aujourd’hui, il dit ressentir davantage une pression de la société civile que des gouvernements, et réaffirme son opposition de principe à l’exclusion des athlètes.
L’ambiguïté s’est également illustrée en août dernier, lors de la Supercoupe d’Europe entre le PSG et Tottenham, où une banderole « Stop killing children, stop killing civilians » avait été déployée. Čeferin explique avoir été accusé d’« antisémitisme » par certains groupes israéliens et, à l’inverse, critiqué par des collectifs pro-palestiniens pour un message jugé insuffisant. « Peut-être qu’il vaut mieux ne rien faire », a-t-il ironisé, tout en rejetant toute dimension politique de l’initiative : « Quiconque pense que ce message était politique est un idiot ».
Le contexte diplomatique rend ces propos encore plus sensibles. Plusieurs pays européens – Espagne, Irlande, Norvège, Slovénie et bientôt la France et Malte – reconnaissent désormais l’État de Palestine. À l’ONU, d’autres nations, comme le Royaume-Uni ou le Canada, conditionnent leur reconnaissance à des avancées concrètes. Dans le même temps, Washington a multiplié les réunions de haut niveau pour coordonner la pression sur Moscou, tout en restant divisé ou silencieux sur le dossier israélo-palestinien.
Pris entre accusations d’antisémitisme d’un côté et critiques de complaisance de l’autre, Aleksander Čeferin illustre les contradictions d’un football censé rester neutre mais rattrapé par les réalités géopolitiques. Comme la FIFA, l’UEFA continue de s’abriter derrière le principe de neutralité sportive, une posture qui ne fait qu’alimenter le reproche de double discours.
Laisser un commentaire