Sur un terrain de football, il y a des leaders, des artistes… et parfois, des volcans. Antonio Rüdiger, défenseur du Real Madrid, appartient sans doute à cette dernière catégorie. Provocateur, charismatique, passionné jusqu’à l’excès, l’international allemand s’est retrouvé au centre d’une polémique retentissante après la finale de la Coupe du Roi perdue face au FC Barcelone (3-2 a.p.). Un carton rouge, des gestes incontrôlés, une poche de glace lancée en direction de l’arbitre : l’image de Rüdiger a dérapé. Pourtant, tous ceux qui le connaissent savent que cette réaction, aussi violente qu’injustifiable, ne résume pas l’homme.
C’est dans ce contexte brûlant qu’Ilkay Gündogan, ancien capitaine de la Mannschaft et coéquipier de Rüdiger en sélection, a décidé de prendre la parole. Interviewé par le média allemand Bild, le joueur de Manchester City a livré un regard nuancé, loin des jugements à l’emporte-pièce. Et ce qu’il a dit mérite qu’on s’y attarde.
Gündogan ne mâche pas ses mots. « Toni a un caractère provocateur et agressif ; c’est juste son style sur le terrain. ». Pour le public, cela peut paraître sulfureux. Pour un coéquipier, c’est parfois salvateur. Car, selon Gündogan, ce tempérament forge un mental d’acier capable de faire basculer un match. Mais cette fougue, si elle n’est pas maîtrisée, devient une arme à double tranchant. « Dans des cas exceptionnels, comme lors de la finale de la Coupe, elle se manifeste malheureusement de manière négative », confie-t-il avec lucidité.
Loin de prendre la défense aveugle de son compatriote, Gündogan ne nie pas l’évidence. « Il ne fait aucun doute que c’était une grosse erreur. ». L’image de Rüdiger furieux, retenu par les membres du staff madrilène pour ne pas s’en prendre à l’arbitre, reste gravée dans les esprits. Et pour Gündogan, ce genre d’écart mérite une sanction. Mais pas une condamnation publique irréversible.
Rüdiger, une force dans le vestiaire
« Quand vous avez Toni dans votre équipe, vous pensez que c’est génial ; quand vous l’avez comme adversaire, c’est très ennuyeux. », a-t-il ajouté. Cette phrase résume parfaitement le paradoxe Rüdiger. Côté pile : un roc, une bête de duel, une voix qui porte. Côté face : une mèche trop courte, une intensité émotionnelle difficile à canaliser.
Pour autant, Gündogan rappelle que l’homme derrière le joueur mérite d’être connu. En dehors du rectangle vert, Toni est un homme posé, respecté, et même protecteur. « Je connais Toni comme un homme de famille », insiste-t-il. Cette déclaration sonne comme un rappel utile : la ligne entre passion et dérapage est parfois aussi fine qu’un fil de rasoir.
En Allemagne, le débat est lancé. Selon un sondage relayé par Bild, plus de 78 % des personnes interrogées estiment que Rüdiger ne devrait plus représenter la sélection nationale. Une position sévère, presque radicale, qui montre à quel point l’opinion peut basculer rapidement. Gündogan, quant à lui, joue l’équilibriste. Il ne dédouane pas Rüdiger, mais refuse de le clouer au pilori. « Il doit assumer les conséquences, qu’elles soient sportives ou dans l’opinion publique. ». Pas de langue de bois, juste du réalisme. Parce que dans le football moderne, l’image publique vaut parfois plus cher que les performances sur le terrain.
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