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Algérie: Yousef Atal brise le silence sur son procès

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Youcef Atal a réagi quelques jours après son procès.

Lundi dernier, Youcef Atal était à Nice pour son procès à la suite de poursuites pour « provocation à la haine raciale à raison de la religion », en raison du partage sur Instagram d’une vidéo d’un prédicateur palestinien au discours antisémite. Alors que le latéral algérien s’est justifié par une maladresse, le parquet a requis contre lui 10 mois de prison avec sursis et 45 000 euros d’amende. Toujours sous contrôle judiciaire et interdit de quitter le territoire français, sauf pour la pratique de son métier, Youcef Atal a pu rejoindre l’Algérie en vue du début du rassemblement préparatoire pour la prochaine CAN.


Un voyage capté par les caméras du média El Capitano qui a recueilli les impressions d’Atal, confiant sur l’issue du procès. « J’ai reçu beaucoup de messages du peuple algérien. Ça m’a donné de la force. Je ne suis pas inquiet car je n’ai rien fait de grave. Je voulais juste être solidaire avec le peuple palestinien », a expliqué le défenseur de Nice. Avant de se pencher sur les questions plus sportives et la préparation de la CAN qui arrive. « Je suis prêt à commencer le stage, on va bien préparer la CAN. (…) Notre objectif est de rayonner en Côte d’Ivoire afin de rendre le peuple algérien heureux. (…) Mon avenir avec Nice ? Je me concentre actuellement sur la CAN et après je vais voir », a répondu Atal.

Dix mois de prison avec sursis et 45 000 euros d’amende requis contre Youcef Atal


Abreuvé de consignes par ses avocats, Me Tom Michel, épaulé par le très médiatique Me Antoine Vey, le prévenu, qui risque un an de prison pour « provocation à la haine à raison de la religion », n’a cessé de balbutier la même antienne : « je n’avais pas écouté la vidéo jusqu’au bout, j’ai écrit des excuses sincères, je veux la paix, je n’ai pas de haine, je ne veux la souffrance de personne. »


Et puis Nicolas Benouaiche, l’avocat de l’Organisation Juive Européenne, une des cinq parties civiles, en a eu assez que les mots tendent à se diluer de leur sens. Il a clamé la transcription de l’entame du message qui a conduit à cette audience : « Ô Seigneur, on vous demande, dans ces moments, d’accorder la victoire à notre peuple. » Il a poursuivi sur l’ultime phrase des mots du prédicateur palestinien, Mahmoud al-Hasanat, relayé par Atal après l’attaque du Hamas du 7 octobre : « Ô seigneur, montre-nous un jour noir pour les juifs. »

Et puis il a crié un autre message, celui d’un champion d’arts martiaux russe, Khabib Nurmagomedov, évoquant des caricatures de prophètes, message liké par Atal le lendemain de l’attentat de Notre-Dame de Nice en 2020 : « Qu’Allah lâche son châtiment sur quiconque empiète sur l’honneur du meilleur des hommes. »
Alors Atal a un peu perdu ses mots, ou ne les a pas retrouvés, a refusé de répondre parfois, s’est tourné vers son interprète, dépassé peut-être, embarrassé aussi, chemise noire trop grande pour lui, lui qui n’évolue qu’en maillot rouge et noir depuis 2018. C’est facile bien sûr de dire qu’on regrette ce qu’on admet comme une maladresse, encore faut-il répondre à la question du pourquoi, ce qu’a exprimé en substance la procureure.

Atal


« Parce qu’ils m’ont suspendu (NDLR : sept matches par la Ligue, jusqu’à nouvel ordre par le club), être sur un terrain c’est ce que j’aime. Je vois ce qui m’arrive… Et quand on dit que j’ai la haine… je n’ai rien contre les autres (sic). » « Le processus qui me dérange, plaidera d’entrée Antoine Vey, c’est celui de la personnification. Ce qu’il a fait, intentionnellement ou pas, n’est pas malin. Mais c’est en fait le procès de quelque chose de plus important. » La vidéo dure 35 secondes. Atal était en sélection avec ses coéquipiers algériens qui, Mahrez en tête, ne l’ont pas lâché, au contraire.

« Il ne vit pas dans la même géopolitique que nous », souffle Vey. Il avait retweeté la vidéo de l’imam. Le lendemain matin, le directeur sportif de l’OGC Nice l’avertissait du caractère polémique du message. Le préfet puis le maire, Christian Estrosi, avaient alerté le parquet. Excuses. Garde à vue. L’enquête démontrera que le joueur ne met habituellement en ligne que des scènes de foot. Et donc tribunal. Atal, avec ses mots presque chuchotés, a répété, dix ou vingt fois, que jamais il n’a été au bout de la vidéo.

« Monsieur Attal, qui vit à Nice depuis 2018, connaît la tension liée à ce contexte », a rappelé la procureure. Longtemps, à chaque match de l’OGCN, à la 86e minute, hommage a été rendu aux victimes du camion fou du 14 juillet 2016.

Les avocats des organisations juives ont bien sûr compris qu’Atal n’est pas le seul sur terre à avoir relayé les propos vindicatifs d’un imam, mais la grande histoire et le contexte du moment les ont poussés à ne rien laisser passer et à reconvoquer leurs grands hommes préférés, suggérant que tout acte est responsable. « Tolstoï, paraphrasera l’un, disait, si vous ressentez la douleur c’est que vous êtes en vie, si vous ressentez la douleur des autres, c’est que vous êtes un humain. »


Serge Taviatan, pour la Licra, fit virtuellement comparaître des sportifs, un Owens qui refuse de serrer une main nazie, un sprinter américain qui lève une main gantée, un Bartali qui actionne un réseau pour sauver des juifs. Le débat s’élève, Atal se tait. On devise sur les Soraliens, ceux qui attisent la haine, sur la taqiya, l’art de dissimulation chez les islamistes. « Monsieur Atal n’est ni dans les uns, ni dans les autres », insiste Antoine Vey.

« Quand on diffuse rarement des vidéos hors foot, et qu’on met en ligne celle-ci, forcément on s’est renseigné sûr qui est cet imam, ce n’est pas juste de l’imprudence », insiste un avocat accusateur. Au bout de l’après-midi, la procureure a demandé une condamnation de dix mois avec sursis et 45 000 euros d’amende « en rapport avec son salaire » (estimé à 100 000 euros mensuels), et une publication du jugement sur Instagram pendant six mois. La décision a été mise en délibéré au 3 janvier.

Jusqu’au bout, sans jamais élever le ton, préférant élever le débat, Antoine Vey militait pour la relaxe. « Youcef Ataf aura le tampon d’un symbole qui n’est pas le sien, tout un tas de types lui diront bravo pour ce que tu as fait pour Gaza, tout un tas de types voudront le tuer. Il ne faut pas qu’il soit le symbole de ce qu’on entend faire de lui. »

Une dernière fois, le latéral de l’OGC Nice s’est levé de son banc. « Je n’ai rien contre personne. » Dans deux jours, Nice affronte Lens. Son dernier match de suspension de la part de la Ligue.

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