A 68 ans, le sélectionneur de l’Uruguay, Marcelo Bielsa, vient sans doute de réaliser sa conférence de presse la plus mémorable. Alors que la Copa America va s’arrêter la nuit du 15 juillet, l’ancien coach de l’OM et de Leeds s’est terriblement lâché devant la presse… il n’a pas épargné la CONMEBOL et les organisateurs de la compétition.
Depuis hier nuit, c’est la nouvelle qui fait le tour des médias en zone Amérique. En conférence de presse avant le match de classement, encore connu comme le match de la troisième place de la Copa America, qui va opposer l’Uruguay au Canada cette nuit, Marcelo Bielsa s’est complètement emporté. Outré par la mauvaise organisation, l’état catastrophique des pelouses, les menaces subies par les sélectionneurs et les joueurs, le technicien argentin n’y est pas allé de main morte.
Bielsa explose en conférence de presse
Souvent sobre devant les médias, avec toujours le regard baissé, l’ancien sélectionneur de l’Argentine (1998-2004) est arrivé très remonté contre la CONMEBOL. Quelques 48 heures après l’élimination de l’Uruguay contre la Colombie en demi-finale de la Copa America, rencontre émaillée de graves incidents à la fin du match, Bielsa s’est emporté quand on lui a posé des questions sur l’ouverture d’une enquête contre ses joueurs mis en cause, notamment Darwin Nunez et Ronald Araujo, qui se sont battus contre les supporters colombiens.
Avec un regard bien droit sur les journalistes comme pour se faire bien comprendre, le sélectionneur de la Celeste a utilisé des termes incroyables pour dénoncer les nombreux couacs constatés autour de la compétition. En réponse aux questions sur l’enquête ouverte contre ses joueurs, Marcelo Bielsa a répliqué en attaquant les médias et la CONMEBOL (Confédération sud-américaine de football).
« La seule chose que je peux dire, c’est que les joueurs ont réagi comme l’aurait fait n’importe quel être humain. Si on s’en prend à votre femme, à votre mère, à un bébé, à une épouse, à une sœur… que faites-vous? » interroge Bielsa. « Vous demandez-vous vraiment si on va sanctionner ceux qui prennent leur défense ? Il y a un certain niveau de complicité. Parce que les questions posées se placent également du côté de la complicité. C’est à vous de le dire, ce n’est pas à moi de le dire, » a-t-il d’abord déclaré comme pour attaquer les journalistes qui se rangeraient du côté de l’organisation.
« J’ai des photos qui prouvent que c’est un mensonge »
Comme si ça ne suffisait pas, l’ancien sélectionneur du Chili (2007-2011) s’en est pris à la CONMEBOL pour « ses mensonges », sa mauvaise organisation et ses attaques vis-à-vis des sélectionneurs qui parlent des manquements. « Ils ont fait une conférence de presse pour dire que les pelouses étaient parfaites, que les terrains d’entraînement étaient parfaits. J’ai toutes les photos qui prouvent que c’est un mensonge. C’est un tissu de mensonges! Les Nord-Américains te disent qu’ils te donnent un terrain parfait, installé trois jours avant. Mais je sais quelle tête a le terrain. »
À en croire Bielsa, des « menaces » contre les joueurs ou entraîneurs qui oseraient dire le fond de leur pensée visant à protéger la CONMEBOL, les Américains qui organisent la Copa America cette année ou encore la FIFA, seraient en place. Il cite d’ailleurs des menaces subies par le sélectionneur argentin et ses joueurs pour avoir protesté contre l’état catastrophique des pelouses et des manquements constatés.
Bielsa dénonce les menaces
« Vous n’avez pas votre mot à dire, sinon ils vous menacent!« , résume El Loco, qui rappelle que Lionel Scaloni avait été sanctionné pour avoir, avec son équipe argentine, regagné tardivement la pelouse pour le début de la seconde période. « Ils ont dit à Scaloni ‘tu as déjà parlé une fois, ne le refais plus’, alors que lui-même estimait avoir dit tout ce qu’il avait à dire. Tout le monde est menacé. Excusez-vous (les organisateurs du tournoi, ndlr) ! La sanction ne devrait pas être pour les joueurs mais pour ceux qui les ont forcés à agir de la sorte. Ils n’avaient pas le choix. » dénonçait-il.
En roue libre, le sélectionneur de l’Uruguay a failli être interrompu dans sa conférence de presse mais il a refusé. Avec les termes très piquants d’El Loco, le chef de presse a remercié tout le monde, semblant mettre un terme à la conférence de presse. « Pourquoi on arrête? », va rétorquer l’ancien coach de l’OM. « Felipe me l’a demandé, » répond alors l’homme à sa droite. « Non non, » a répliqué El Loco, en se rasseyant pour continuer. « Sinon on donne l’impression qu’on freine. » Il s’agit en tout cas de l’une des conférences de presse les plus mémorables de l’année.
On attend de voir la réaction de la CONMEBOL dans les prochains jours.
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